Suite au dramatique accident de chasse qui a couté la vie à une jeune randonneuse de 25 ans lors d’une balade sur un sentier balisé dans le Cantal samedi 19 février dernier, le sentiment d’insécurité des baladeurs et randonneurs n’a jamais été aussi fort et le partage de la nature entre ses différents utilisateurs est à nouveau au-devant de la scène.
Faut-il interdire la chasse, la limiter comme dans certains pays européens ? Comment assurer la protection des promeneurs et randonneurs lors des périodes de chasse ? Brigitte Soulary, présidente de la Fédération française de la randonnée pédestre, qui est intervenue sur ces différents thèmes dans plusieurs médias depuis novembre dernier, souhaitait apporter un éclairage précis sur la position de la Fédération et les actions envisagées à court et long terme.
BS : « La réglementation existe, les chasseurs doivent avoir un permis et les règles de sécurité sont précises. Elles doivent impérativement être respectées par tous. Plutôt que de créer de nouvelles lois, appliquons déjà ce qui est en vigueur. Néanmoins nous demandons les évolutions suivantes : limiter la portée et la puissance des armes utilisées pour chasser le gros gibier et lors des battues - véritables « armes de guerre », moduler l’âge du permis -16 ans actuellement- en fonction de la puissance de l’arme et interdire la consommation d’alcool au cours de la chasse.
BS : « La FFRandonnée a été auditionnée par la commission sénatoriale de la sécurisation de la chasse. Nous y avons défendu une position de tolérance, de partage des espaces publics par tous les pratiquants outdoor, y compris les chasseurs, dans le respect mutuel. Néanmoins les chasseurs sont les seuls utilisateurs armés et qui mettent en danger, de ce fait, les autres pratiquants. Nous ne pouvons ignorer les craintes des promeneurs licenciés ou non et les incidents qui surviennent régulièrement et qui entretiennent ces peurs.
Nous participons activement avec d’autres fédérations aux discussions avec les responsables politiques, pour y faire entendre notre position de défense des pratiquants et, ensemble peser sur une certaine évolution de la règlementation et surtout de son application. Nous souhaitons inclure la sécurisation de la pratique dans les discussions que nous avons avec les chasseurs. Dans les territoires, certains comités FFRandonnée ont élaboré en lien avec les fédérations de la chasse locales, des chartes de bonne pratique, des documents d’informations communs de partages des espaces et de sensibilisation « chasseurs randonneurs » ; les réalisations comme le partage des informations sur les dates de chasse, la connaissance des autres pratiques, les recommandations rédigées ensemble sont facteur de compréhension et ont pour but d’améliorer la sécurité de tous. »
BS : « La question de jours sans chasse est posée. Les forêts domaniales sont déjà interdites à la chasse le dimanche sur notre territoire, dans d’autres pays certains jours sont « sans chasse » comme les dimanches en Angleterre depuis 1831. Cette éventualité est ouverte : pourquoi pas pendant les vacances scolaires et certains dimanches ? Nous proposons également la mise en place de secteurs et sentiers interdits à la chasse et de façon permanente. »